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24 juin 2020 3 24 /06 /juin /2020 16:37

Le 27 mai 2020

Chers amis,

            Cette tardive réponse n’est nullement  la conséquence d’une massive absorption de Corona millésimée 2019, encore moins d’une contamination virale de mon ordinateur. Je crois me souvenir vous avoir informés être victime de cette sorte de pandémie affectant beaucoup de retraités, à savoir le syndrome de procrastinite aigüe. Quiconque n’a pas eu à subir les affres de cette inclination n’imagine pas les déchirements quotidiens subis par ces néo vieillards valétudinaires à la conscience pas encore assez altérée pour survivre végétativement. « Remettre au lendemain ce que l’on peut faire le jour même » implique avoir, soit la veille au soir soit très tôt le matin, réfléchi aux diverses activités  à faire au cours de cette nouvelle journée. Des experts (et de ceux-là, de tous acabits, la France n’en manque pas) affirment même que quiconque envisagerait ainsi de ne rien prévoir faire se risquerait à développer  de graves troubles comportementaux. Face à cette impossibilité de n’avoir rien à reporter, le malade sombrerait dans des crises de violences verbales et/ou physiques ou, tout à contrario, choirait dans une sorte d’apathie chronique, les deux étant fort néfastes pour lui et son entourage.

            Or, nul n’est à l’abri d’une perfide  inadvertance. Vivant dans la perpétuelle crainte  d’avoir à affronter une journée encombrée de néant dont je serai ipso facto l’élément central, j’ai, et sans remettre au lendemain, longuement travaillé sur Moi. De cette tardive et fastidieuse descente en enfer, j’ai convenu avec moi-même que, pour recouvrer un espace de liberté d’esprit et d’actions sans toutefois trahir les fondamentaux du procrastinisme, il me suffisait non plus de prendre en considération les actes du jour présent mais ceux de la veille. En résumé : toujours remettre au lendemain ce qui aurait dû être fait la veille. Une simple réflexion permet d’appréhender justement le bon aloi de cet innovant concept procrastinique dont les conséquences n’en finiront pas d’étonner tous les théoriciens de cet art de vivre. Sa réussite réside uniquement dans une patente détermination à embrayer le processus puis de ne jamais faillir.

            Juste une simple et courte démonstration pour évincer vos quelques scepticismes ou incrédulités qu’il me semble subodorer sans  mettre aucunement en cause vos capacités réflexives.

            Remettre au lendemain ce que je devais faire le jour même impliquait que j’avais prévu quelques travaux et que je passais ma journée à déplacer ceux-ci  dans le temps. Outre que je n’avais le temps de ne rien faire d’autre, j’avoue que cela générait parfois une sorte de mal-être chez moi et surtout une considérable incompréhension chez mes proches. Il m’arrivait même de me projeter dans le futur pour contempler mes lendemains passés … : un paysage désolant de monticules de bric à brac !

            Au jour « J », remettre au lendemain ce que j’avais prévu la veille me libère totalement la journée présente et en conséquence logique me libèrera toutes celles qui suivront à partir J + 2 et comme je commence l’application de ce nouveau concept  procrastinique, vous êtes les premiers à en profiter. Mais je pressens une sorte de regret d’être ces heureux élus… Me trompé-je ?

            Ce brusque changement est certainement une conséquence inconsciente de la période que nous venons de subir. Il me fallait être dans l’air du temps : on nous a tellement serinés que la résultante de cette pandémie serait que « le monde d’après ne sera plus le monde d’avant ». ????... truisme dérisoire émanant d’esprits « éclairés » à la prospective dite du « rétroviseur », assoiffés de grands soirs mais ignorants de n’être vraiment plus les cierges les plus brillants de ce lustre en cours et qui se plaisent à attiser par leurs péroraisons souvent mensongères les pensées les plus viles de leurs affidés, lesquels pourtant soutiennent a contrario  que « c’était mieux avant ! »(*). Certains de ceux-ci, dans leurs prières, ne réclamaient-ils pas le recours à un général quand d’autres s’adonnent depuis quelques semaines à la dénonciation de leurs voisins, regrettant secrètement  que le numéro 0 de la Covid 19 en France ne fut pas juif ou arabe ou noir ou rom ou tout simplement émigré ?

            Outre ceux qui, en cette pandémie, voient l’index d’un « bon »  dieu, telle guide invoque Jeanne d’Arc quand tel autre mentor rêve en son for d’un remake de la Terreur. Selon ses desseins, chacun, à son aune, se réapproprie l’Histoire et on assiste, placides, à une conjonction des contraires : les théories de l’extrême droite s’hybrident avec celles de l’extrême gauche dans un « PAX » diabolique dont le « Front populaire » de Michel ONFRAY se chargera de vulgariser les idéaux. Funeste bis repetita de l’Histoire.

            N’oublions pas Edwy PLENEL qui, sous couvert d’investigations et de révélations « chocs », se livre à un constant travail de sape des institutions auquel s’est joint Vincent LINDON. Dans une palabre digne d’un candidat au tabouret de « Mister Benêt», il a fait le « buzz » avec sa taxe Jean VALJEAN, oublieux que toutes les taxes sont toujours remboursées par ceux qui sont en bout de lignes : les citoyens de base, consommateurs, dont il prétend défendre le sort.  

            Et tous les pourfendeurs traditionnels des taxes d’applaudir !

 

Un parfait alignement des pas nets !

            Mais n’est-il pas de bon ton de dénigrer les élites, de stigmatiser les riches, de cracher sur les patrons, de honnir la réussite, d’abhorrer les élus, de conchier les institutions, de nier les résultats des urnes, …. ?  Tous issus de ces mondes exécrés, ces défroqués, prophètes en recherche d’un éden perdu, osent se présenter drapés d’une toge dont seul l’avers semble immaculé.

            Leur enjeu commun est d’orienter d’une manière autant habile que maline ce « populisme » nauséeux anti élite, voire antitout, contre un pouvoir forcément « dictatorial ». Ils savent que les foules, et les récents évènements l’ont montré, sont peu sensibles au raisonnement mais, au contraire, très aptes aux actions irresponsables, extrémistes, contagieuses voire primitives. Ces foules tellement pétries par ces fausses certitudes ressassées  sur les réseaux dits « sociaux », sans discernement, braillent à l’envie les mêmes rengaines dont le niveau de conscience politique est, à mon sens, parfaitement illustré par ce slogan imprimé sur des brassières jaunes : « RIC : une loi pour abolir la pauvreté ». Mais que n’y avait-on pas songé avant ?

Des astres de la métapolitique populiste !

            Maintenant, conséquence de ces exacerbations d’élus politiques ou syndicaux uniquement soucieux de leur ego et de leur carrière, il faut casser, brûler, massacrer du flic, bloquer la machine, saccager des commerces quand ce ne sont pas des symboles de notre République...

            Quelle dose de stupidité pour croire que tous ces commerces qui, à longueur de samedis,  furent vandalisés appartiennent à ces grandes puissances capitalistes ! 

 

Il est vrai, le monde a changé. 

            Sont désormais obsolètes ces manifestations qui, pour la gauche, relevaient d’une logique de répétitions, pour les syndicats d’un trouble obsessionnel compulsif et d’une salutaire soupape de sécurité pour les gouvernants en charge des affaires.     Désormais, place aux émeutiers portant gilets jaunes, chemises brunes ou cagoules noires.

 

Tous à  leur désinformation 

 

            Je n’évoque pas les experts autoproclamés en virologie, qui nous abreuvent de leurs médiocrités, nous assènent des mesures qu’ils auraient su, eux, mettre en œuvre... C’est par escadrilles que ces « yaka-fokons, docteurs es «« malodoris nausia », ont fondu sur les médias. Et « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait ! » faisait dire Michel AUDIARD, grand observateur de la faune humaine.

 

Chloroquinem et circenses

 

             Inutiles nos savants en pharmacologie et autres sachants en médecine !  Ne suffit-il pas de sonder les français sur la pertinence d’un traitement et l’efficacité d’un médicament. Il fallait y penser, Le Parisien l’a fait :

« D’après vous, ce protocole à base de chloroquine est-il un traitement efficace contre le coronavirus ?

A ce sondage inqualifiable digne d’un gag de mauvais goût, 59% des 1016 français sondés, sans qualification médicale aucune, ont osé répondre « OUI » !

 

            Et maintenant, soyez les bienvenus au raout de la chloroquine. Dans ce monde nouveau, on se soignera via les réseaux sociaux, la pertinence d’un médicament étant évaluée à l’aune du nombre de « likes » enregistrés. (On oubliera que cette donnée est souvent faussée par des « likes » achetés)

           

            Vive cette nouvelle médecine populaire accessible à tous ! Libérée des labos ! Indépendante des puissances de l’argent !

 

Vive l’automédication pour le Peuple et par le Peuple !

 

Sutor, ne supra crepidam

 

            De cette introspection déjà évoquée, de ces cortèges tragiques qui se déroulent depuis plusieurs mois et de ces  exhortations pleines de vacuités, je n’en retire qu’amertume. Avec le temps qui inexorablement s’émousse, je porte désormais un regard fort circonspect sur mes 70 ans.

            Je ne sais par quel prisme les analyser et m’approprier le monde d’aujourd‘hui. Me serais-je fourvoyé ? M’aurait-on abusé ? Me serais-je, moi aussi, abreuvé de ces mêmes slogans pour étancher des idéaux que je croyais purs ? N’aurais-je pas été, dans l’isoloir, l’un de ces mitrons utiles à ces maître queux aristocrates de la basse politique ?

            A raison le sage qui conseille de ne pas chercher ce qu’on ne désire pas trouver.

 

V.I.T.R.I.O.L.           versus                   VITRIOL

 

            Je n’ai jamais été un disciple de la grève à tout crin, de la manifestation violente ou autres outrances. J’ai constaté que le non aboutissement des surenchères syndicales ne faisait qu’horripiler la base et entretenir un sentiment de revanche. Un processus voulu et  une nécessité recherchée pour maintenir la pression en vue d’un prochain mouvement. Je pense même aujourd’hui que certains syndicats tels la CGT, SUD, FO, ne survivent que de la paupérisation,… de toutes paupérisations !

            Depuis un demi-siècle, les affrontements souvent brutaux ont-ils contribué à l’amélioration du sort des travailleurs ou à contrario n’ont-ils pas été un facteur de divisions voire de scissions ?

            Il est fort lointain le temps où il était encore possible de combattre et faire plier les forces de l’argent. François HOLLANDE l’a appris à ses dépens et pourtant que n’avait-il déclaré au BOURGET, le 22 janvier 2012 : « Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance ! ». Il fait, lui aussi, partie de ces CERVENTES saugrenus qui font combattre leurs ouailles contre des moulins à vent.

            Le Capital est devenu un cheval fou qui, galopant sans cesse à travers le monde, ne consent de s’arrêter que là où il sait que son picotin ne risquera pas de lui faire défaut. Ce cheval, il faut l’amadouer, le domestiquer pour qu’il ne quitte sa carrière. Métaphore facile, me direz-vous, mais nous avons grand besoin de ces capitaux. On peut mépriser les patrons mais ce sont eux, petits, moyens ou grands, qui produisent, fournissent le travail et participent largement au financement de nos institutions et ne sont en rien assimilables aux quelques « magnas » du capitalisme sauvage. Les fonctionnaires, eux, n’ayant pas vocation à produire en terme de valeur marchande sont des investissements à courts (personnels de sécurité, personnels de Justice, personnels administratifs…), moyens (personnels de santé,…) et longs (personnels enseignants, chercheurs, …) termes. De notre devise, les Capitaux n’ont cure de l’EGALITE et de notre Constitution, ils n’ont cure de son pan SOCIAL. Beaucoup ne sont pas Français et ceux qui le sont peuvent, d’un « clic » aisément s’expatrier.

            Certes, deviendrait fort délicat, pour Philippe MARTINEZ, l’exercice d’expliquer que trop taxer et/ou trop souvent changer le taux de ces taxes auront pour conséquences la fuite des financeurs et la fermeture de l’usine. Pourtant, c’est le monde d’aujourd’hui et continuera d’être celui de demain. Maintenant, si nous avions des syndicalistes et des politiques  intelligents, il ne serait pas impossible d’arriver à des accords prenant en compte les justes revendications. Certains pays y arrivent. Concertation, participation, éthique de responsabilité, une pinte d’autogestion et d’intéressement sont, à mon sens, plus sécurisant pour toutes les parties que pseudo-révolution. Et le Capital aime la sécurité. 

 

            Pardonnez-moi ces propos de savetier qui, après relecture, m’apparaissent plus que oiseux (je conserve ce hiatus, « qu’oiseux » est sans charme). Ils ne  sont peut-être que  l’illustration d’une dégénérescence neuronale ou des quelques synapses qui me restent.

            Laissez-moi encore quelque temps  d’être un vieux combattant en retraite !

 

            Même rares, je préfère ces échanges épistolaires aux conversations orales pour ces deux raisons : l’écrit laisse du temps à ma déraison alors que l’oral me paralyse de plus en plus. A l’instar des rats quittant le navire qui sombre, les mots désertent mon propos et je m’ennuie. Et ne retirons pas à l’écrit le pouvoir d’ennuyer les autres ! La preuve est faite ici !

 

            Je vous embrasse.

 

            "Covidialement" vôtre

 

Y…

 

Chaque matin, j’embrasse le temps.

Un soir, c’est lui qui m’étouffera.

 

Pour clore sur une note quelque peu primesautière :

(*) : Cela me rappelle ce pensum infligé aux normaliens de première année dits « les bleus » dans les années 60. Ils devaient rédiger plusieurs pages sur le thème «  Avant, c’est pendant. Pendant, c’est plus pendant. Après, c’est pendant !!!!. »

Ce qui fait une transition certes  facile sur un questionnement existentiel qu’il ne serait pas souhaitable lui non plus, tu pourras en convenir, d’aborder en assemblée mixte :

1/ Doit-on continuer sérieusement à faire le confinement ?

Ce que d’aucuns réussissent plus ou moins naturellement.

 

2/  et cette autre point,  à mon sens la plus important sur le plan des relations humaines : comment pratiquer le confinement ?

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