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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 13:49

De la (des) langue(s)  bretonne(s)

 

 

Le Cheval d’orgueil

 

Pierre-Jakez HELIAS  
(PLON)

 

Chapitre VIII : Le nouveau testament

 

(Extrait)

 

         Les bretonnants de naissance et de civilisation paysanne, c'est-à-dire les premiers (et peut-être les derniers) qui soient en droit de donner des leçons bien qu’ils s’y hasardent que rarement, ceux-là se contentaient d’être tranquillement eux-mêmes, de « se vivre », leurs apparence ne faisaient que traduire leur réalité. Ce sont les enfants, nous-même s’il vous plaît, qui sont exposés aujourd’hui à tous les hasards, à toutes les tentations. Leur tentation du snobisme, d’abord, qui entraîne certains de nous à l’accaparement de la langue pour des usages que l’on ne peut qualifier autrement que de mondains. Une caste peu nombreuse et fermée, des dames en vison et des messieurs en habit bleu-nuit qui parlent remarquablement le breton des notaires, des médecins, des conseillers généraux. Qu'ils parlent breton entre eux, mais non plus avec les campagnards pour qui le français est assez bon... La tentation intellectuelle aussi, celle qui porte à créer une littérature sans grand rapport avec le vieux fond oral, à étudier la langue sans avoir recours aux usagers quotidiens qui sont toujours là, à essayer de créer une langue unifiée, cartésienne, obligatoire bientôt, au mépris des inventions dialectales et sa poétique. Le politique et le pédagogique l’emportent sur la créativité. Aucun déviationnisme ne serait plus permis. Cette langue millénaire libre malgré les grammairiens et les lexicologues du siècle dernier serait étroitement corsetée pour en faire quoi, je me le demande. On n’arrête pas de lui vouloir une orthographe, et une seule, ce qui lui enlèverait sa dernière liberté et briderait définitivement les poètes qui croient encore aux vertus des ruptures de construction et à l’importance du choix entre une sonore et une sourde. Tel est ce souci majeur que la querelle orthographique divise encore de fort bons esprits, mobilisant en vain une activité qui trouverait à s’employer plus utilement ailleurs. Mais ces gens-là sont des Celtes Armoricains de bonne race.... »

 

 

Halte à la mort des langues    

Claude HAGEGE 
(Odile JACOB)


(extrait)

 

« .. quand la langue supradialectale n’a de statut que régional, alors les usagers des variantes locales ont plus de raisons encore de la juger artificielle, et de ne pas souhaiter s’en servir. Le breton unifié que l’on tente de favoriser a le mérite d’exister et devrait, évidemment, permettre une renaissance de la langue. Mais les usagers des parlers restent méfiants à l’égard d’un breton construit, qui n’est pas la langue maternelle de quelqu’un. Il convient, au demeurant, de ne pas s’exagérer la dispersion dialectale du breton. L’expérience prouve que les bretons se comprennent quand ils utilisent leur parler local. Le problème d’un breton unifié se pose, certes, mais le déclin du breton s’explique aussi par d’autres causes que l’absence de cette norme fédératrice... »

 

         En conclusion, le breton unifié serait-il une langue pour les futurs notables ("reconquistadors" de leur "état") avec peu de  (voire sans) rapport avec la truculence des dialectes locaux ?

 

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