Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 16:19

Ce soir, trois informations se percutent dans ma boîte courriel :

 

         - la manifestation des défenseurs de l’Ecole Publique Laïque et des Associations Laïques complémentaires,

 

         - la campagne initiée, je crois  à Londres, reprise à Madrid et qui aimerait se développer notamment en France, sur le thème : « dieu n’existe probablement pas, vivez le mieux que vous pouvez », une sorte de carpe diem universel,

 

- l’affichage à Paris par lequel le Maire de la capitale et ses conseillers souhaitent un « bon Ramadan ».

 

 °

°         °

 

La France n’est-elle pas  un pays où le principe de laïcité est écrit en toutes lettres dans sa Constitution.

Un état laïque n’est-il pas un état dans lequel la sphère privée (donc la religion et les autres croyances) ne doit pas s’immiscer dans la sphère publique et réciproquement le public et par conséquent le politique ne doivent en aucun cas s'ingérer dans les problèmes religieux sauf quand les conséquences de ceux-ci enfreignent la loi, mais là, ce n’est plus le politique qui    se manifeste mais le Droit qui s’applique..

 

Ne pourrait-on pas trouver dommage voire inadmissible et même condamnable sur le plan de notre déontologie  républicaine que l’on fasse fi de ce principe pour des raisons électoralistes. On brosse dans le sens du poil pour récolter éventuellement quelques voix. Par soucis d’objectivité, n’oublions pas que les auteurs de cet affichage ne se sont pas privés, au  nom de ce même principe de laïcité, et donc à juste titre, de rabrouer le Président de la République pour ses nombreuses rencontres avec les responsables catholiques et ses déclarations bafouant le principe de laïcité. Mon dictionnaire me dit que la prostitution est un usage vil d’une chose respectable et la laïcité est un principe hautement respectable.

 

Par respect de l’égalité de traitement, un tel affichage devrait donc bientôt être suivi par un « nous vous souhaitons un joyeux Carême », puis par d’autres s’adressant aux diverses   religions dont je ne connais pas les rituels ponctuant leur année.

 

Et les non-croyants, ceux qui parfois ribaudent, leur souhaitera-t-on de bonnes ribauderies ou « crisedefoieries » ?

 

La difficulté de réagir à une telle provocation « politicarde » réside dans la dualité suivante :

-         si on accepte ou si on ne dit rien, on cautionne de fait cette trahison  du principe de laïcité,

-         si on condamne, on se fait baptiser, pardon, admonester d’antireligieux, de sectaires, de racistes, ... de sectaires racistes,... de combattant d’un autre temps.

 

Et les instigateurs de cet affichage ne l’ignoraient pas et savaient avoir la presse avec eux au nom de la « Laïcité positive » qu’ils se disent représenter, sous entendu que d’autres seraient les « moudjahiddins ringards» d’une « Laïcité négative ».

 

Quand la Mairie de Paris affiche de tel « slogan » (car c’est à but de propagande électorale déguisée), au nom de la liberté d’expression, une association pourrait de même afficher « je ne vous souhaite pas un bon Ramadan, ou un bon Carême,...).


Le respect de la laïcité est un principe de neutralité et de respect à l’égard de TOUTES et de TOUS qui vivent sur notre sol à la seule condition qu’elles ou ils n’enfreignent pas la loi.

 

Autre réflexion : Paris n’est pas n’importe quelle ville. En tant que capitale de notre pays, creuset du concept de la Laïcité (loi de 1905), de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789), elle se devrait de montrer l’exemple.

 

 

Deuxième interrogation : Comment réagiraient :

-   ces élus politiques,

-   ces journalistes des presses écrites et parlées,

- ces philosophes de la bien « pensance » actuelle (je pourrais même écrire « pansance » tant ils se repaissent dans les cuisines du pouvoir auxquelles ils doivent leur existence et tant ils aiment occuper les studios de radio et de télévision pour nous faire respirer leurs flatulences ),

-  la communauté française,

-   ...

 si était instiguée cette campagne d’affichage : « Dieu n’existe probablement pas, vivez comme il vous semble bon » ?

 

Cette phrase n’exprime qu’une incertitude identique à celle qui exprime l’existence d’une puissance divine. Jusqu’à preuve du contraire, rien ne permet d’affirmer la réalité d’un quelconque dieu qui, personnellement, n’est qu’une possible expression de l’hypothèse d’un doute.

 

N’est-il pas curieux qu’en notre pays qui se dit empreint de laïcité, il est de bon ton, sans craindre aucune foudre, de clamer sur les ondes sa croyance en un dieu, de se rendre coupable de prosélytisme déiste, (pardon, je devrais écrire sa croyance en dieu, le seul, le vrai, le dieu chrétien) ?

 

Une seule de ces affiches (celles qui supposent de l’inexistence probable d’un dieu) en un point de notre territoire serait le catalyseur des relents de religiosité enfouis au tréfonds de ces gens qui se disent « laïcs ».

 

Une seule déclaration d’un athée ou d’un agnostique qui se permettent de mettre en doute  l’existence de ce dieu éventuel est considérée comme une atteinte à la liberté de pensée, un outrage à la morale, un sacrilège à tout ce qu’on veut... c'est-à-dire à tout ce que la bigoterie veut...

 

Nous sommes une nation laïque mais les français sont surtout empreints de croyances, lesquels savent « magnificatement » brandir le concept de laïcité pour défendre leur religiosité avec ses pratiques et ses implications dans la vie de la cité.  

 

Bien que l’espace de liberté d’expression de chacun soit fort bien circonscrit par la Loi, le degré de tolérance et de liberté d’expression varie selon que l’on soit athées ou agnostiques ou que l’on soit fidèles d’un courant religieux.

 

         Le concept de laïcité est inscrit en notre Constitution, la loi de séparation des églises et de l’Etat est toujours en vigueur et pourtant des hommes politiques, (qui a dit des politicards ? j’ai même cru entendre des politicaillons, non ? ...) n’ont eu de cesse de grignoter ce que la République avait eu tant de difficultés à faire admettre au nom du vivre ensemble, du respect de chacun, des libertés de pensées et  d’expression,du rejet des communautarismes.... en créant une Ecole, une Ecole Publique, Laïque, Obligatoire et Gratuite.

 

         Aujourd’hui, samedi 17 janvier 2009, des milliers de défenseurs de cette Ecole Publique Laïque ont défilé pour crier leur opposition aux divers démantèlements qui continuent de s’opérer :

 

- au nom de l’efficacité érigée en dogme pédagogique (à croire que les enseignants jusqu’alors ignorait cette valeur),

 

- au nom de la liberté d’enseignement (à croire que jusqu’à présent, les enfants étaient embrigadés par les hordes d’enseignants gauchistes et marxisants : si tel était le cas, que n’avons-nous eu une « république » communiste depuis longtemps ? sauf à remercier ces enseignants d’avoir développé un certain esprit critique chez leurs ouailles...),

 

- au nom de la liberté du choix de l’établissement scolaire,

 

- au nom du savoir lire, écrire, compter,....

 

- au nom d’une meilleure gestion des personnels,

 

- au nom d’une économie budgétaire,

 

- au nom de la rage dont on accuse son chien quand on veut l’abattre...

 

        

         Beaucoup de pancartes, d’affiches et de slogans reprennent cette suppression d’environ 13 000 postes d’enseignants dans les Ecoles Maternelles et Primaires Publiques et la mettent en exergue de leurs revendications.    


                               
Et si nous nous trompions de cible !

 

En terme d’économie budgétaire, que représente cette suppression de 13 500 postes ?

-         1% des postes,

-         1% du budget alloué pour l’Education Nationale.

-         Moins de 1% du déficit budgétaire annuel prévu pour 2009,

-         Environ 0,20% du budget total prévu pour 2009.

 

Quel homme politique honnête envers les citoyens ou du moins envers ses électeurs  oserait présenter ces suppressions comme des mesures strictement d’économies ?

 

Quel gouvernement responsable risquerait de faire descendre dans la rue des milliers de citoyens pour une si petite économie ?

 

Ou alors, insidieusement, ne chercherait-on pas à balancer un leurre ou pis encore, une muleta qui faciliterait l’estocade finale pour camoufler d’autres réformes réelles fomentées dans les cabinets noirs du pouvoir  pour anéantir l’Ecole de la République ?

 

Est-il déjà trop tard de s’interroger si notre République est encore viscéralement laïque ?

 

Les derniers propos de notre Président de la République devant diverses personnalités religieuses illustrent et matérialisent parfaitement les buts fixés par le pouvoir.

Le jeudi 18 décembre 2008, Monsieur Dominique Mamberti, secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les Etats, et Monsieur Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères et européennes, ont signé, au Quai d’Orsay à Paris un accord sur la reconnaissance des diplômes et des grades dans l’enseignement supérieur. Selon un communiqué du Quai d’Orsay, « Cet accord a pour objet de reconnaître la valeur des grades et des diplômes canoniques (théologie, philosophie, droit canonique) ou profanes (toutes les autres disciplines) délivrés par les établissements d’enseignement supérieur catholiques reconnus par le Saint-Siège et de faciliter les différents cursus universitaires » .

 

         C’est actuellement le dernier acte connu des agressions contre l’Ecole de la République, lequel n’a provoqué aucune réprobation de la part des milieux politiques qui, pourtant avant leur élection, savent se draper  de l’étendard de la Laïcité.

ET pourtant, d’après certaines informations, cet accord remettrait en cause la liberté accordée à l’enseignement supérieur en 1875 par la IIIè République. Il annulerait l’initiative prise en 1880 par Paul Bert et Jules Ferry de réserver l’attribution des titres Universitaires aux seules universités publiques. Il s’opposerait à une décision prise en 1984 par le conseil d’état qui estimait que ce principe du monopole d’État de la collation des grades universitaires s’imposait même au législateur.

D’autre part, cet accord ouvre la voie à la reconnaissance officielle d’un enseignement délivré par une autorité religieuse dogmatique n’ayant pas statut d’Etat, est contraire à l’article 2 de la loi de 1905 et partant, au principe de Laïcité.

 

         Peut-on d’ailleurs faire confiance à nos élus républicains pour défendre notre système éducatif quand l’un d’entre eux (M. Jean-Pierre RAFFARIN, Président de la Région Poitou Charentes en 1994) déclarait lors d’un colloque organisé par des personnels d’établissements catholiques : « Je ne serai pas le complice du développement de l’enseignement public. » (page 142, Main basse sur l’Ecole Publique de Khaldi, Fitoussi, Ed. Demopolis.

Un complice est quelqu’un qui participe à une infraction commise par un autre. L’école publique est bel et bien présentée et promue par nos politiques et perçue par les ennemis de la Laïcité comme une institution qui viole et agresse cette école identitaire catholique.

 

         La volonté de nos gouvernants semble bien être l’affaiblissement de notre actuel système d’éducation publique et laïque pour faciliter l’acceptation d’une privatisation de l’enseignement au profit de l’enseignement catholique déjà financé par de l’argent public.

         Les tenants de cette « réforme cachée » utilisent toute une kyrielle d’arguments :

         - l’éducation nationale est une « fabrique de crétins » (merci à ces enseignants du public qui ont écrits et diffusés de telles âneries) à cause :                       

         - de l’apprentissage de la lecture par la méthode globale. Cette méthode est obsolète depuis plus de 40 ans.

                   - des grèves à répétitions : les quelques journées de grèves nationales sont généralement très peu suivies si l’on se réfère aux chiffres publiés par le Ministère.

                   - des           enseignants qui refusent de se former : les stages de formation continuent se réduisent comme peau de chagrin par manque de financement.

                   - les enseignants font du pédagogisme : personnellement je ne comprends pas cette formulation mais je sais que ses inventeurs qui préconisent l’apprentissage de la lecture par b. a. ba sont de dangereux populistes qui surfent sur la déshérence des parents.

                   - des congés de maladies ne sont pas remplacés : les postes de ces instituteurs remplaçants ont été fermés par centaines depuis plus de 10 ans alors que la profession se féminisait.

 

         - L’éducation nationale est un « mammouth » qu’il faut dégraisser » : merci Monsieur le ministre pour cette déclaration aussi populiste que démagogique.

 

         - Trop d’enfants sortent du système sans savoir lire, écrire et/ou compter. On oublie de dire que ce constat vaut aussi pour l’enseignement privé quand celui-ci doit accueillir sans exclusive tous les enfants (cas des écoles privées rurales).

          

         - « Il y a trop d’enseignants sans classes. »

         Balancée à dessein sans explication fait supposer que des milliers d’enseignants seraient payés à rester chez eux et la réprobation populaire souhaitée surgit aussitôt dans les médias trop contentes de se repaître d’un tel scoop, à croire que chaque français aurait un vieux différent à régler avec cette institution. Une vérification aurait permis d’informer les citoyens que sont ainsi comptés :

                   - les instituteurs remplaçants les congés de maladies et certaines décharges de directions,

                   - les conseillers pédagogiques,

                   - les enseignants détachés dans des œuvres périscolaires qui travaillent à longueur d’année scolaire avec les enseignants et les enfants à l’élaboration et la réalisation de projets pédagogiques,

                   - les enseignants des R.A.S.E.D. : Réseau d’Aides Spécialisées aux Enfants en Difficultés. Ce sont des enseignants spécialisés qui reçoivent chaque jour de classe des enfants en difficultés scolaires. Ils travaillent de concert avec les enseignants et avec les parents qu’ils reçoivent régulièrement.

 

         Pour dégraisser le mammouth, il suffit donc de supprimer tout ou partie de ces postes ainsi les enfants en difficultés n’auront plus de prise en charges spécifiques, les divers congés ne seront pas tous remplacés, les œuvres périscolaires ne pourront plus réaliser de projets originaux,...

 

                   - La concurrence favorise l’amélioration des résultats scolaires : FAUX ! La concurrence participe de la mise en difficultés de l’Ecole Publique  au profit des établissements privés.

         - un école privée n’a pas obligation d’inscrire tous les enfants sans exclusives et peut renvoyer tout élève présentant des troubles ou des difficultés scolaires, pas une Ecole Publique qui a une obligation d’accueil.

         - Jusqu’à peu, l’aire de recrutement d’un établissement public était exclusivement liée à une carte scolaire au contraire des établissements privés.

         - Les écoles privées proposent aussi des remédiations aux enfants en difficultés mais sont-elles entièrement gratuites ?

 

                   - La concurrence permet de réaliser des économies budgétaires : FAUX : les enseignants du privés, certains personnels et l’entretien des locaux sont assurés sur des fonds publics versés par l’Education Nationale.

 

Ne serait-il pas plus honnête de dire tout simplement que l’on souhaite :

        

- privatiser l’éducation,

 

- créer des établissements privés confessionnels payés avec des fonds publics,

        

- laisser à l’Ecole Publique les élèves refusés par les établissements privés.

 

Avec ces conséquences :

 

- les établissements enregistrant les meilleurs résultats auront droit à des subsides supplémentaires, ce qui ne fera qu’accroître les différences,

 

- avec l’idée du « chèque éducation » qui ressort de plus en plus dans les discours officiels et qui marque la fin du concept de carte scolaire,  les parents orienteront normalement vers ces établissements qualifiés aujourd’hui « d’excellence ».

 

- les établissements catholiques veulent recouvrir une identité religieuse forte : des fonds publics serviront donc au financement d’un prosélytisme religieux.

 

 

N’oublions pas l’importance du lobbying des établissements catholiques qui aurait applaudi à l’intégration des écoles Diwan sans perte de leur statut identitaire communautariste comme elle le demandait et que Jack LANG, le grand laïc, allait leur attribuer.

Depuis quelques temps, on réforme non pas à coups de lois mais de décrets : pas de discussion devant les Assemblées, pas d’émissions de télévision ou de radio. C’est inodore mais ne sera pas indolore.

 

Comme c’est au nom de la liberté que sont concoctées toutes ces réformes, juste une remarque : Imaginons la création dans chaque grande ville d’écoles identitaires religieuses islamiques. Elles auraient droit aux mêmes financements que leurs consoeurs. J’imagine les réactions, pas vous ?

          Et le fil rouge de ce qui précède:

la Laïcité,
rien que la Laïcité
mais toute la Laïcité,
seul concept du vivre harmonieusement ensemble.

Partager cet article
Repost0

commentaires