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8 mai 2009 5 08 /05 /mai /2009 13:12

 

Ma calculette est adorable.

Elle n’a aucune accointance politique.

Sa seule religion : l’objectivité mathématique.

Conclusion : on ne peut mettre en doute sa bonne foi !

 

De haute lutte « lobbyinesque », les restaurateurs et cafetiers ont donc obtenu la baisse de la TVA qui passe de 19,60% à 5,50%.

 

Ce qui le Président CHIRAC avait promis, notre Président SARKOZY l’a fait

 

afin de sauver ces professions de l’indigence dans laquelle la crise qui couvait depuis longtemps les avait plongés. Cette mouise était d’ailleurs accentuée par l’augmentation du prix du carburant qui rendait dispendieux le plein des 4x4.

 

         En contre partie, ces professionnels avaient promis une baisse de prix pratiqués dans leurs commerces, la création d’environ 50 000 emplois et la mise aux normes de leurs établissements.

 

         Cette baisse était donc une aubaine populaire pour la République : la fréquentation des restaurants se démocratiserait, l’accroissement galopant du chômage se verrait partiellement endigué, nos établissements se moderniseraient pour être fin prêts pour revêtir l’aube de la gastronomie française élevée au rang de patrimoine mondial. 

 

Mais revenons à ma calculette.

 

A/

Les professionnels se seraient engagés à une baisse de 10% sur les cafés, boissons non alcoolisées, menus enfants,...

 

Aujourd’hui, je paie un café 2,00€ avec une T.V.A. à 19,60% soit un prix Hors Taxe de 1,67€ qui équivaut au Chiffre d’Affaires réalisé sur ce produit.

 

A compter du 1er juillet, grâce à la baisse de 10% sur ce café, je paierai 1,80€ avec une T.V.A. à 5,50% soit un prix Hors Taxe de 1,70€ qui équivaudra aussi au Chiffre d’Affaires réalisé sur ce produit.

 

Avec la réduction de la T.V.A. à 5,50%, sur un café :

         - le client bénéfice d’une réduction de 10%,

         - le cafetier augmente son C.A. de 1,79%,

         - le Trésor Public perd 14,10% de taxe.

 

B/ Aujourd’hui, je paie un menu 30,00€ avec une T.V.A. à 19,60% soit un prix Hors Taxe de 25,08€ qui équivaut au Chiffre d’Affaires.

 

A compter du 1er juillet, je paierai toujours ce menu 30,00€ avec une T.V.A. à 5,50% soit un prix Hors Taxe de 28,43€ qui équivaudra au Chiffre d’Affaires réalisé.

 

Avec la réduction de la T.V.A. à 5,50% :

         - le client ne gagne rien,

         - le restaurateur augmente son C.A. de 11,16%,

         - le Trésor Public perd 14,10%.

 

         Ces professionnels nous affirment que la fréquentation de leurs établissements accuse une baisse de 10 à 20% depuis quelques années. Qu'ils m'expliquent comment ils comptent faire revenir leurs clients "perdus" s'ils ne répercutent une partie de la diminution de la TVA que sur uniquement quelques produits bien ciblés. Espèrent-ils seulement sur la campagne publicitaire lancée sur le slogan: "quand la TVA baisse, les prix aussi"? Ou pensent-ils combler ce manque à gagner par l'augmentation démontrée de leur Chiffre d'Affaires?

        Cette réduction de T.V.A. coûtera chaque année 2 500 000 000€ (2,5 milliards d’Euros) au Trésor Public, c'est-à-dire « Nous ».

 

         Il est vrai que l’on a promis environ 40 000 emplois (c’est 20% de moins que prévu l’an dernier) : c’est possible car si l’on divise cette « ristourne »de 2 500 000 000€  par 40 000, on obtient la somme de 62 500€ par emploi par an.

 

         Hélas, je rassure tout de suite les prétendants aux divers métiers de la restauration, ils ne peuvent espérer qu’un bon SMIC soit environ 20 000€ bruts annuel.

 

         Mais ... que me dit ma calculette :

 

40 000 emplois à environ 30 000€ annuel (salaires + charges patronales), cela fait : 1 200 000 000€.

Il reste 1 300 000 000€ annuel pour la modernisation des établissements sans toucher aux bénéfices jusqu’alors réalisés.

 

         Conclusion :

 

A qui profite la prime ?

 

sachant qu’il n’y a aucune certitude pour que 40 000 emplois à temps plein soient réellement créés. Aux dernières nouvelles, ce ne seront que des temps partiels.

 

 

         Quand on nous a ressassé que les caisses de l’Etat étaient vides, que notre pays était en faillite et autres fariboles pour justifier les mesures de restrictions, ce cadeau fait à une profession qui ne semblait pas très paupérisée n’est-il pas tristement démagogique voire inconséquent économiquement parlant.

 

Mais que vois-je ?

 

L’écran de ma calculette m’indique que ce cadeau équivaut à 70 000 emplois annuels d’infirmières, de médecins, d’enseignants, d'éducateurs, de postiers, d’agents EDF, de gardiens de prisons, de policiers,.... lesquels se seraient fait un plaisir, grâce à leur salaire, de goûter au bonheur de la gastronomie française. 

          Mais... ma calculette serait-elle soudainement devenue subjective? 

 

Et ce que ne me dit pas ma calculette :

 

Qui financera ce manque à gagner fiscal ?

 

 Remarque du 13 mai: Répondant à cette question, Madame Christine LAGARDE annonce 30 000 suppressions de postes de fonctionnaires. Comme certains aiment le dire :"c'était écrit!" et cousu de fil blanc!
Donc les comptes sont tenus en équilibre ???????


Remarque du 15 mai: Pourquoi y-a-t-il si peu de "Maîtres-Restaurateurs" dont les seules obligations sont définies comme suit:

(cf article "les Maîtres restaurateurs" qui reprend in extenso le texte officiel)
 

Les entreprises de restauration indépendantes ou appartenant à de petits ensembles (maximum trois établissements):

 

- réalisant une cuisine " authentique ", placée sous la responsabilité directe du restaurateur ou de son chef cuisinier, ne recourant pas à l'assemblage ou à des plats déjà préparés qu'il s'agirait simplement de " réchauffer " ;

- s'engageant à respecter un ensemble de règles simples, mais garantissant une prestations de service de qualité (accueil, service à table, décoration) ;

- respectant la réglementation en matière d'hygiène et de sécurité.

 

         Ces points sont vérifiés au moyen d'un audit qui devra être réalisé par un organisme certificateur déclaré, indépendant de l'Etat, comme des entreprises de restauration.

         Par ailleurs, les candidats au titre doivent bénéficier d'une qualification ou d'une expérience professionnelle avérée en restauration.


Rien que de ce que tout client serait en droit d'attendre, non?
 

 
 Seuls des mauvais esprits oseraient en conclure que,
dans la plupart des restaurants, 
l'on nous servirait des plats réchauffés, décongelés, en conserves
ou fabriqués "on ne sait où", par "on ne sait qui" et avec "on ne sait quoi"?

De toute façon,
quel que soit le montant de la TVA,
une telle malbouffe est trop chère!
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